Tendez l'oreille...

jeudi 17 octobre 2013

Moviethon

Grâce à la pluie nous avons pu nous faire une petite journée cinéma sans culpabiliser de rester dans le noir un dimanche entier! Au menu, il y en a pour tous les goûts!





Machete Kills

J'avais adoré le premier, l'ambiance unique à la fois kitch-gore-décalée-sexy, le casting de malade, la "gueule" du héros et ses répliques cultes, bref un film culte lui aussi! J'attendais donc beaucoup de la suite, et je n'ai pas été déçue! Le film s'ouvre sur une fausse bande-annonce complètement what the fuck mais qui annonce clairement la couleur: Machete est de retour, et il est à la hauteur!
De nouvelles répliques cultes ("Machete don't tweet"), de nouvelles méchantes hyper sexy-kitchissimes, un nouveau casting de taré (Lady Gaga, Sofia Vergara, Antonio Banderas, Mel Gibson, Charlie Sheen, Vanessa Hudgens, Jessica Alba, Michelle Rodriguez, etc etc etc, et bien sûr, l'indispensable et inimitable Danny Trejo sans qui le film n'existerai pas.), ça ne se prend pas au sérieux, l'esthétique de série B gore claque toujours autant, bref...j'adore :-D Si je dois vraiment trouver quelque chose à lui reprocher, il y a quelques longueurs mais ça se supporte tout à fait!



Blue Jasmine

Je ne fais pas partie du fan-club inconditionnel de Woody Allen, j'ai donc vu ce film sans aucun à priori ni pré-adoration, et je peux donc vous dire très honnêtement que j'ai passé un assez bon moment mais rien d'inoubliable, si ce n'est l'exceptionnelle performance de Kate Blanchett en snob déchue en pleine dépression. Et oui, un film peut être moyen tout en ayant une actrice de folie! L'histoire n'est pas très originale et le dénouement, même s'il réserve un peu de suspense est tout de même très frustrant. Le film baignant dans une ambiance tristounette du fait de la déchéance de l'héroïne à la fois touchante et énervante, et le tout étant surmonté d'une morale un peu usée (le fameux "l'argent ne fait pas le bonheur"...) il est difficile pour moi de dire si j'ai aimé ou pas...en tout cas je n'ai pas détesté.



Prisonners

Ah, enfin Hugh Jackman range ses griffes et fait du vrai cinéma! (Toutes mes excuses aux fans de Wolverine)
Un film fleuve qui rappelle pas mal l'ambiance de Mystic River (que je n'avais pourtant pas aimé) mais aussi celle du jeu vidéo Heavy Rain. Une pluie omniprésente tombe sur un Boston sombre et délabré, deux petites filles disparaissent le jour de Thanksgiving alors qu'elles jouaient dehors. Un attardé mental un peu flippant est soupçonné puis relâché faute de preuves. Le père d'une des petites filles ne supporte pas et décide de faire justice lui-même puisque la police n'est pas à la hauteur. Je ne vous en dit pas plus, l'intrigue recèle de nombreux rebondissements qui entretiennent bien le suspense pendant les 2h33 que dure le film, oui c'est long mais sans ennui! Jackman partage l'affiche avec Jake Gyllenhaal, enquêteur mystérieux -peut-être trop d'ailleurs, on voudrait en savoir plus sur lui!- et Paul Danno (découvert pour ma part dans Little Miss Sunshine), très fort dans le rôle du suspect handicapé, inquiétant et dérangeant. Bref, un film puissant sur des sujets très difficiles, bien réalisé et servi par de très bons acteurs, c'est pas révolutionnaire mais c'est un très bon moment de cinéma!


jeudi 10 octobre 2013

Recyclage

Destiné à l'origine à la revue Transfuge pour qui je devais écrire un article sur un livre en rapport avec New York, c'est finalement rien que pour vos yeux que je vais dire tout le bien que je pense du roman Totally Killer. Et oui, on m'avait parlé de 600 mots à la base, mais il s'avère que je devais en fait écrire seulement 600 signes. Autant dire que j'ai sérieusement charcuté mon texte, et comme j'avais passé plus de 3h dessus (et que j'avais sérieusement les boules) je voudrais quand même qu'il serve à quelque chose! Bref, je vous présente Totally Killer, un roman qui déchire sa mère.



Taylor Schmidt est jeune, belle, et bien décidée à croquer la grosse pomme à pleines dents. Fraîchement débarquée à New-York pour y trouver un emploi, elle se heurte de plein fouet à la crise qui gangrenait déjà le monde du travail à la fin du vingtième siècle. De jobs minables en entretiens d'embauches abrutissants, l'espoir de pouvoir payer son loyer autrement qu'en étant serveuse dans un bar miteux s'éloigne peu à peu, jusqu'au jour où  un prospectus pour l'agence de recrutement Quid Pro Quo atterri dans sa boîte aux lettres. Le poste de ses rêves pour une paie presque indécente est disponible tout de suite ! Le slogan de l’agence ("Le job pour lequel on tuerait") n’alerte pas la jeune femme, qui va pourtant bientôt comprendre que ce n’est pas qu’un jeu de mot. Pour rembourser sa dette envers Quid Pro Quo, elle va devoir éliminer définitivement quelqu'un qui occupe un poste depuis trop longtemps...
L’héroïne à l’appétit sexuel assumé évolue dans les yeux du narrateur qui fut son colocataire pendant les quatre derniers mois de sa vie. Taylor Schmidt est hypnotisante, source éternelle de fantasmes qui, à l’image d’un Midas nymphomane, transforme tout ce qu’elle touche en sexe, une arme non négligeable pour arriver à ses fins.

Totally Killer est le roman de la génération X , désenchantée et nourrie à la pop-culture, surexcitée et avide de réussite qu’on découvrait grâce à Douglas Coupland dont l’influence est ici indéniable, tout comme celle de Bret Easton Ellis, incontournable. Les références aux années 90 fusent d’ailleurs à chaque page, musicales (De Nirvana à Duran-Duran), télévisuelles (Seinfeld et MTV),  ou encore enfantines (Twister et Docteur Maboul), et restituent parfaitement l’identité si particulière de l’ultime décennie du vingtième siècle. L’ennemi numéro un de cette nouvelle génération est le baby-boomer, solidement accroché à son emploi et difficilement licenciable, et le conflit intergénérationnel est comparé avec beaucoup d’humour par l’auteur à la situation du Prince Charles tenu à l’écart du trône par son immortelle reine de mère.  Quid Pro Quo propose donc une solution avec ce pacte Faustien, recelant bien sûr de nombreuses possibilités de retournements de situations, exploitées avec talent tout au long du roman.

Bien que 20 ans se soient écoulés entre l’action et la lecture de ce roman, il est frappant de constater à quel point les thèmes centraux restent familiers et solidement ancrées dans l’époque actuelle. Le chômage et la difficulté de la jeune génération à trouver sa place sur le marché de l’emploi dessinaient les contours de la crise à venir et donnent à cette histoire un caractère intemporel, où seule l’invention d’internet semble avoir redistribué les cartes entre 1991 et 2013.

Outre le portrait d’une génération, Greg Olear redessine New-York à la sauce 90s alors en pleine transformation, faisant évoluer ses personnages dans les lieux à la mode de l’époque, émaillant son récit d’adresses en vogue et de références qui raviront les lecteurs connaisseurs.

Totally Killer paraît en 2011 aux Editions Gallmeister, qui profitent de la collection Americana pour s’éloigner de leur ligne éditoriale axée sur le Nature Writing et la littérature des grands espaces sous toutes ses formes, offrant un regard noir, très urbain et toujours aussi fort sur l’Amérique. Un premier roman original, sombre férocement drôle, qui porte un regard ironique sur ces générations désenchantées.